Sixième extinction animale

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On entend de plus en plus parler de « sixième extinction massive ». La plus célèbre est celle que les dinosaures ont subi il y a environ 65 millions d’années. Aux origines de cette disparition, une météorite et surtout les bouleversements provoqués à la suite du choc. Mais également les gigantesques épanchements volcaniques ou trapps de Deccan qui se sont déversés dans la région ouest de l’Inde.

Aujourd’hui, pas de météorite, ni de volcan. Si l’ère que nous vivons est appelée « anthropocène » par de plus en plus de scientifiques, comme le chimiste Paul Crutzen ou le géologue Patrick De Wever, il s’agit bien ici de parler du poids de l’homme sur les éco-systèmes planétaires, et des conséquences qui en résultent.

Les activités humaines modifient très rapidement les conditions climatiques qui avaient jusque-là favorisé notre apparition, puis notre développement. De grandes quantités de gaz à effet de serre sont rejetées, les sols et les eaux : pollués, les habitats de nombreux animaux : détruits. Au Brésil, en Indonésie, ou Canada, chaque jour des milliers d’hectares de forêt sont rasés, comme jadis les grandes forêts d’Europe l’ont été. La pression exercée sur la faune et la flore est croissante. En conséquence, des centaines d’espèces disparaissent et parmi elles, certaines n’ont jamais étaient étudiées ou pire encore, sont totalement inconnues. Les forêts qui représentent des sources importantes de captage de CO2 s’effacent peu à peu des cartes. Certaines abritaient peut-être une molécule miracle ou la source d’inspiration d’une future technologie. C’est encore plus envisageable dans les zones équatoriales ou 1/2 hectare de forêt héberge plus d’espèces que toute l’Europe.

 L’acide salicylique ou Aspirine provient par exemple de l’écorce de saule, les surfaces autonettoyantes sont super-hydrophobes à l’image des feuilles de lotus. On peut encore citer le secteur de l’aéronautique qui trouve son fondement même dans l’observation des oiseaux. Rappelons surtout que 80% des productions agricoles s’effectuent grâce à la pollinisation des cultures par des insectes comme l’explique un rapport de l’INRA.

Or, partout dans le monde, on constate un syndrome d’effondrement des colonies de pollinisateurs en particulier des abeilles. Dernièrement la revue « Science » publiait que 35% des espèces de lépidoptères (papillons) sont en déclin et ce taux monte à 100% pour les orthoptères (sauterelles). En parallèle, plus du tiers de toutes les espèces de vertébrés est menacé.

Comment réagir face à un tel constat ?
Accepte-t-on de voir disparaître une à une toutes ces espèces qui nous sont utiles, parfois même vitales ?
Accepte-t-on d’être en grande partie responsables de l’effondrement de la biodiversité sans réagir ? La réponse appartient autant aux États, qu’au citoyen lambda.

À l’aube de la COP21, il est temps de passer à un nouveau mode de vie, à une nouvelle façon de considérer notre place sur cette planète. Non plus comme des invités goulus, en « all inclusive »permanent, mais comme des membres à part entière de tout un écosystème, écosystème qui nous nourrit et dont nous faisons partie.
Et pourquoi ne pas adopter une attitude moins arrogante, un comportement moins destructeur ? C’est possible, sans tomber dans l’angélisme pour autant. Cela n’est pas plus utopique que d’imaginer, au XIXe siècle, la fin de l’esclavage. Tous changements dans une société impliquent des phases de transition, des combats, des victoires, et des défaites. Nous sommes au cœur de ces changements et aujourd’hui chacun a la possibilité de devenir un éco-citoyen. À nous de nous donner les moyens d’adopter un nouveau mode de vie en accord avec ce que nous sommes fondamentalement : les habitants d’une seule et même planète. Nous pouvons prendre possession toute la Terre ou décider de la partager… Nous pouvons mépriser en chosifiant ceux qui y vivent avec nous, ou choisir de les respecter. Sortirions-nous grandis de cette prise de conscience ? Darwin semblait le penser lorsqu’il disait que la qualité la plus noble de l’homme est celle d’aimer toutes les créatures vivantes.

Lire l’article du monde sur la sixième extinction de masse.
Lire l’article de courrier international sur le même sujet.
Lire l’article du Time également sur ce thème.

Monnaies complémentaires, et biodiversité.

Citation_Bernard_Lietaer

FutureMag | Arte
L’émission s’intéresse à la multiplication des monnaies complémentaires comme le « TEM » grec ou les « Palmas » brésilien. Échanger un service, un objet, ou un savoir faire, a permis à de nombreuses personnes regroupées en association de subsister malgré la crise. Bernard Lietaer – Économiste, nous explique que les monnaies officielles ne remplissent plus leur rôle principal qui est celui de l’échange. Mais favorisent au contraire, la compétition, l’accumulation et le court-termisme.

Écosystème monétaire.
Pour se protéger des risques inhérents aux monnaies traditionnelles, l’économiste propose d’introduire de la diversité et une plus grande inter-connectivité !
(1) C’est précisément le rôle que jouent les monnaies complémentaires. Lorsqu’elles sont en circulation, elles engendrent un « écosystème monétaire » là où se trouvait une monoculture.

Alors, en quoi cet écosystème monétaire, riche de sa diversité serait une bonne alternative ? Tout simplement parce qu’on connaît les conséquences dramatiques de la monoculture, de l’uniformisation, et de la standardisation à l’extrême.

En agriculture par exemple, le documentaire « Des abeilles et des Hommes« , nous montre des populations d’insectes littéralement « sous perfusion » d’antibiotiques ! Ces pollinisateurs sont en effet fragilisés par les nombreux traitements chimiques qu’imposent les monocultures. Elles sont souvent colossales, comme en Californie, où on compte plus de 320 000 hectares uniquement plantés d’amandiers.

Une biodiversité capitale.
La diversité biologique est d’une importance primordiale, en témoigne le biologiste Gilles Bœuf qui précise (2) que pour perdurer, la vie crée en permanence de la diversité. Depuis que la vie existe, il y a eu plus d’un milliard d’espèces à la surface du globe. On explique un tel nombre d’espèces, par la résilience que cela offre à la vie. Face à une agression, un changement, il existe quelque part au milieu d’une immense biodiversité, une solution, une réponse à ce problème.

Qu’il s’agisse d’économie, d’environnement, de culture, dans tous les domaines, la diversité crée de la richesse et représente le meilleur système d’auto défense que la vie ait pu inventer. L’homme est aujourd’hui en capacité de modifier cette mécanique, d’interrompre ce processus, c’est pourtant ce même mécanisme qui l’a enfanté. Saura-t-il entretenir ce qu’il a les moyens de détruire ?

Lire l’article du Monde sur les monnaies locales.
(1) Voir cette vidéo de Bernard Lietaer.
(2) Gilles Bœuf sur France Inter dans l’émission « les savanturiers«